Laurent S., Kinésithérapeute à l’école du dos

JDV : Quel est votre vision du contexte actuel ?
L : Les gens marchaient plus, ils bougeaient plus, mais aujourd’hui, avec l’industrialisation nous sommes devenus plus sédentaires, nous vivons souvent  assis de longues heures par jour, nous nous déplaçons de plus en plus en voiture.
Il faut partir du grand principe que la vie c’est le mouvement; le mouvement du corps est essentiel, il faudrait donc, dans nos sociétés modernes, pratiquer une activité physique modérée (c’est-à-dire une activité qui permette d’accélérer un peu les pulsations cardiaques sans aller jusqu’au cardio) au moins 20 minutes par jour !

JDV : Quelles vulnérabilités êtes-vous amené à rencontrer à l’école du dos ?
L : À certaines périodes de l’année ou suite à différents stress, notre corps fatigue et souffre… Encore plus particulièrement au moment  des changements de saison que sont le printemps et l’automne.
Si nous ne parvenons pas à protéger et à ressourcer notre corps avec une bonne hygiène de vie ou par le biais du sommeil nous l’exposons alors à d’éventuels Dérangements Intervertébraux Mineurs (D.I.M) lumbagos, dorsalgos, torticolis ou encore problèmes d’articulaires… Ces troubles en général ne sont pas graves mais ils peuvent être tellement douloureux qu’ils provoquent des défenses naturelles du corps luttant perpétuellement contre cette douleur, augmentant encore l’effet de stress, de tension musculaire et la charge mentale.

JDV : À quel moment doit-on débuter la prévention de ces vulnérabilités ?
L : Observons un enfant de 2 ans, si on effectue le rapport taille/poids par rapport à tout le mobilier que celui-ci rencontre (escalier, chaise…) son activité sur une journée représente l’équivalent de 2 marathons !!!
De la même manière, si on regarde le mouvement qui règne dans les cours de récréation on se rend bien compte que le corps réclame du mouvement.

Notre société a enfin pris conscience de l’importance de pratiquer une activité physique et le véhicule par différents vecteurs, la Sécurité Sociale diffuse notamment des spots sur ce sujet. Cependant, nous avons un système scolaire qui assoit nos enfants dès leur plus jeune âge en leur apprenant à ne pas bouger. C’est encore plus flagrant à l’entrée au collège car c’est à ce moment là que la durée des journées de cours s’allonge. Les os sont en pleine croissance mais les muscles qui devraient eux aussi l’être ne suivent pas car ils sont raccourcis toute la journée.

Nous devrions mettre en place de l’éducation sur l’importance du mouvement dès le primaire et également mettre en place de la détection dès le collège.

Il n’est pas rare d’observer qu’un élève au collège puisse prendre entre 10  et 15 cm durant les congés d’été et il est important de vérifier que le muscle a bien le temps d’effectuer sa croissance au même rythme que l’os afin que la posture et l’attitude ne se déforment pas. On voit en effet pas mal d’adolescents un peu voûtés, la puberté et les hormones ont également des conséquences sur les postures à travers  leur impact mental (adolescentes qui se voûtent pour masquer une poitrine naissante par exemple…) il est nécessaire de corriger rapidement ces postures.

Les Finlandais ont instauré la possibilité pour les élèves de s’asseoir sur des ballons afin qu’il soient en mouvement même en étant assis.On devrait pouvoir proposer une journée de détection à chaque début d’année scolaire au collège. Une journée qui permettrait d’expliquer quelles sont les « bonnes postures », les « mauvaises postures », les « postures fatigables » et les « postures idéales ».

JDV : Existe-t-il une posture idéale ?
L : La meilleure posture c’est toujours la suivante ! C’est la posture du ballon : toujours en mouvement. La posture idéale demeure la posture physiologique respectant les courbures vertébrales qui alternent creux et bosses ! Cependant elle ne peut être tenue longtemps.

JDV : Comment pouvez-vous effectuer de la prévention auprès des jeunes publics ?
L : Les kinésithérapeutes ont bien compris l’importance de la prévention et ils ont lancé une campagne qui s’appelle « M ton dos ». Il serait souhaitable et bienveillant que les enseignants orientent les élèves qui semblent souffrir  vers des professionnels de la santé pour effectuer un bilan.

Dans nos cabinets nous pouvons réaliser différents types de tests :
• Test d’équilibre, en tenant sur un pied 20 secondes puis sur l’autre. Cet exercice permet notamment de prévenir des entorses de cheville
• Test de souplesse, en essayant de mettre les doigts au sol lors d’une grande flexion vers l’avant
• Test distance talon/fesse qui permet d’évaluer la longueur, la mobilité et la liberté de mouvement du bassin

 

Ces tests peuvent être complétés par d’autres tests plus spécifiques :
• Test de mobilité des différents étages intervertébraux
• Test de la cage thoracique (pour mesurer la liberté de mouvement respiratoire)
• Test de de l’étage « lombosacré » (bas du dos) qui permet de mesurer la mobilité de la zone dite « à risques »