2020 À LA CROISÉE DES CHEMINS !
Sophie G. Directrice Prospective & Communication
au PÔLE SANTÉ TRAVAIL et Sylvie R. Sociologue
Pour préparer ce regard croisé nous avons d’abord souhaité repartager et réaffirmer une conviction commune : que l’on travaille à produire une idée, un service, des connaissances, un objet, une œuvre, une technologie, un bien ou du bien… on produit une société !
Nourrir, Éduquer, Habiller, Cultiver, Bouger, Voyager, Créer, Porter,
Transporter, Aider, Veiller, Soigner, Chauffer, Guider, Relier, Communiquer…
Tous les univers de vie sont des univers de travail. Il est donc tout à fait naturel qu’au moment même où tout nous invite à faire évoluer nos modes de vie, le monde du travail évolue lui aussi. On peut même penser que changer le travail peut nous aider à changer la vie.
S. G. : Les nombreuses mutations qui s’imposent à nous désarment souvent la plupart d’entre nous. Est-ce que la sociologie te rend le monde moins incertain ?
Comment peut-on voir l’avenir ?
S. R. : Être sociologue ce n’est pas se prétendre plus visionnaire que d’autres et encore moins voyant ! Ce dont nous pouvons être persuadés c’est que, vu notre impact sur l’environnement et sur la planète, l’avenir sera différent de ce que nous avons vécu jusqu’à présent. Ce sont de nouveaux modes de vie, un nouvel environnement, une nouvelle civilisation qui sont en train de naître.
Nombre de nos problèmes, difficultés et inquiétudes sont liés au fait que nous avons peur de ce qui est en train de se passer et que nous ne nous y sommes pas suffisamment préparés.
On ne sait pas comment agir et on le vit de plus en plus mal…
Les inégalités, la malbouffe, le mal logement, la précarité, la pression économique, l’irresponsabilité écologique…
Partout dans le monde certaines et certains se lèvent pour apporter de nouvelles solutions et explorer
de nouvelles réponses. Il y a un vrai élan positif en cours ! D’autres se soulèvent !!! Et se révoltent ! Tous tissent des liens et veulent ré-inventer de nouvelles formes d’échange et de partage.
Ce sont ces mouvements-là que l’on doit s’attacher à regarder.
C’est ce que nous faisons dans l’élan du Sociologue Edgard Morin.
Nous suivons les courants porteurs qui animent la société.
S. R. : Au travail se conjuguent pour nous l’éthique médicale, sociale et environnementale.
Dès lors les autres courants porteurs s’enchaînent naturellement au travail et via le travail :
Qualité de vie, Nouveaux liens, Créativité et Accomplissement, Reconnaissance et Bienveillance, Prendre soin… Je pense que nous voyons les mêmes mouvements s’installer, se développer, s’amplifier.
S. G. : Tu parlais d’élan. Nous aussi tu le sais, nous avons voulu réveiller l’élan de notre histoire, l’Histoire de la Santé au Travail, l’histoire et l’élan de nos valeurs.
Des films, des expositions, des évènements, des moments de partage… On a fait tout ça ensemble avec toutes les équipes PÔLE SANTÉ TRAVAIL avant de le faire partager à nos adhérents et même futurs adhérents en école d’apprentissage.
Nous voulions retrouver l’élan, on a aussi retrouver le sens :
toute l’importance de l’existence d’une médecine indépendante
attachée à conjuguer Santé et Travail.
PARCE QUE L’HUMAIN EST CAPITAL !
Tous les courants que tu as décrits nous animent aussi :
Plus d’éthique : la RSE* s’impose à nous comme à toutes les entreprises et institutions, associations mais elle s’impose aussi à nous comme une évidence.
La définition de la Santé de l’OMS** ne dit-elle pas :
« la santé est un état de complet bien-être physique,
mental et social, qui ne consiste pas seulement
en l’absence de maladies ou d’infirmité. »
*RSE = Responsabilité sociétale des entreprises / ** OMS = Organisation Mondiale de la Santé
S. G. : Le Professeur Jean Bernard*** disait :
« On peut développer toutes les sciences et technologies
mais si l’Homme ne va pas bien alors plus rien n’a de sens ! »
*** Jean Bernard, né le 26 mai 1907 à Paris et mort le 17 avril 2006 dans la même ville, était un médecin et professeur français, spécialiste d’hématologie et de cancérologie
Toutes nos questions sont là. Ce qui ne changera pas, c’est qu’on aura toujours besoin d‘air pur pour respirer, de se nourrir mieux le corps et l’esprit, de ménager nos muscles, nos os et nos organes vitaux.
De protéger notre vie et celles des équipes. Les moyens changent mais l’objectif de santé au travail reste le même. On ajoute « via le travail » tant vie professionnelle et vie personnelle se conjuguent désormais, plus que jamais.
Le monde change, de nouveaux courants porteurs apparaissent dans nos vies, mais nous ne sommes pas tous égaux face à ces transformations que nous vivons, et à leurs impacts dans l’entreprise, sur notre travail, dans le management et même dans nos vies. Nous accompagnons nos équipes et nous voulons construire des réponses avec elles pour retisser des liens, reconnaître chacun dans sa contribution, réinventer notre proposition de valeurs auprès de nos entreprises et proposer de nouveaux modèles. Notre volonté est de dépasser le réglementaire pour revenir à l’essentiel : prendre soin des Hommes et Femmes au travail et via le travail.
La phase de transition que nous vivons aujourd’hui est essentielle, elle doit nous permettre de passer
« d’aujourd’hui » à « demain ». Nous bâtissons de nouvelles sociétés, de nouvelles entreprises et nous y parviendrons seulement si nous prenons soin des Hommes et de notre terre.
S. R. : Qu’on soit à la maison ou au bureau, à l’usine, nous sommes avant tout les mêmes personnes. Nous souhaitions désormais plus de cohérence entre ce que nous faisons et ce que nous voulons être et vivre. C’est encore plus fort chez les jeunes, cette volonté d’accomplissement. À l’heure où l’on parle de bonheur au travail rappelons que l’accomplissement en est une composante clé.
Je fais référence ici au World Happiness Report de l’ONU****, partagé par 150 pays.
Il définit et mesure le bonheur autour de 3 composantes :
• Sentiment de bien-être global
• Ratio émotions + émotions –
• Sentiment d’accomplissement, sens de la vie
AYARD Richard , SACHS Jeffrey et HELLIWELL John F. ,
« World Happiness Report 2019 », Sustainable Development Solutions Network, 2019.
S. G. : Nous passons trop souvent à côté de cette simple évidence que nous voyons se développer tant de tension, de stress, de souffrance qui touche je le rappelle 1 actif sur 5 en France !
1 actif sur 5 dans chaque entreprise
S. R. : Je confirme, le Docteur Florian T. nous dit dans ce magazine comment il voit la pression se développer et toucher de plus en plus de dirigeants eux-mêmes.
S. G. : C’est pour cela qu’il est essentiel de réaffirmer avec le PÔLE SANTÉ TRAVAIL : L’Humain est Capital ! Dans la décennie qui vient, le développement des technologies, des robots nous invitent à être vigilants et à penser Humain.
« Tout ce qui n’est pas humanisé peut être robotisé. »
Dans toutes les activités et dans toutes les entreprises.
Que restera-t-il à l’humain ?
C’est à nous de répondre !
Avec 3 idées clés on peut dé-stresser et choisir l’avenir qu’on veut construire plutôt que subir,
en préservant et développant des métiers, fonctions, activités et/ou tâches qui :
• impliquent des relations humaines fortes,
• nécessitent des compétences humaines fortes (l’empathie, l’art, la créativité, la sensibilité),
• mettent les technologies au service de l’humain et de la vie.
Les nouveaux métiers qui vont naître seront riches de technologies mais cela ne nous interdit pas au contraire de les intégrer à un projet humain, un projet de vie… Responsable et durable.
Nous n’avons pas voulu ici donner une image d’un avenir comme s’il pouvait advenir sans nous. Notre message est vraiment de dire qu’on peut choisir. Qu’on doit choisir. C’est la raison pour laquelle nous avons fait naître Job de Vie !