Interview de Juliette LOEZ Psychologue du Travail
Exclure toute forme de discriminations. Lutter contre l’exclusion et le manque de respect.
JDV : Dans ce dossier complet sur l’inclusivité, nous aimerions que vous, en tant que psychologue du travail, puissiez nous éclairer sur les formes de discrimination et comment agir pour les prévenir…
J.L. : Chacun d’entre nous peut en effet un jour, observer ou être victime de pratiques qui touchent de près ou de loin à des formes de discrimination au travail. Tout d’abord, qu’est-ce qu’une discrimination ? C’est un traitement défavorable qui doit remplir deux conditions :
• S’exercer selon un critère défini par la loi : le sexe, l’âge, le handicap par exemple
• ou relever d’une situation elle aussi visée par la loi : l’accès à un emploi, l’accès à un service, l’accès à un logement par exemple.
À ce jour, la loi reconnaît plus de 25 critères de discrimination. Défavoriser une personne en raison de ses origines, de son sexe, de son âge, de son handicap, de ses opinions, est interdit par la loi.
J.L. : Une discrimination peut être DIRECT. Si la décision contestée est fondée sur un des critères définis par la loi.
Par exemple, ne pas attribuer un poste à responsabilité à un salarié de nationalité étrangère en raison de ses origines est une discrimination directe. Ou parce que c’est une femme et que donc on ne souhaite pas attribuer un poste à responsabilité à des femmes.
Ou parce que cette personne est âgée et qu’on ne souhaite pas donner des responsabilités à des séniors. Ou parce que cette personne est seule, divorcée avec des enfants…
Ces types de discrimination sont souvent issus de croyances non fondées qui se sont généralisées que, pour telle ou telle, raison ces personnes ne seront pas capables de…
Le processus de discrimination se décrit en quatre temps :
1.Le premier temps va consister à étiqueter les personnes, à les distinguer selon certaines différences visibles comme leur origine, leur sexe, leur âge, leur situation familiale…
2. Le deuxième temps : c’est le stéréotype à proprement parler. C’est-à-dire qu’on va généraliser les défauts à partir d’une caractéristique. Par exemple, « tous les séniors n’ont plus l’énergie suffisante pour travailler ».
3. Troisième temps : c’est séparer. Finalement on va différencier certaines personnes des autres. Toujours avec notre exemple : « de toutes façons il n’y a plus que les jeunes qui sont capables de comprendre l’univers des technologies et ils sont en conflit de générations avec les séniors ».
4. Le quatrième temps : c’est l’aboutissement à la discrimination. On va priver une personne d’égalité ou la traiter différemment aux yeux de la loi. Toujours avec notre exemple : « notre entreprise refuse d’embaucher toute personne de plus de 50 ans. »
J.L. : Une discrimination peut aussi être INDIRECT. Si une règle, apparemment neutre, a pour effet un traitement défavorable sur des personnes, en raison toujours des critères établis par la loi.
Par exemple, réaliser un recrutement qui est affiché comme étant ouvert aux personnes en situation de handicap, alors que finalement le poste de travail en question n’est pas accessible aux personnes à mobilité réduite car les locaux ne sont pas adaptés pour…
Ces situations directes ou indirectes sont pesantes dans la durée et progressivement elles fragilisentla qualité des relations interpersonnelles au travail ou en dehors du travail.
Sur le plan de la prévention, deux aspects importants sont à considérer.
1.Le premier temps Il ne faut pas banaliser ces situations et il faut les prendre en compte dès les premières alertes. Ça sous-entend de bien connaître les définitions et les 25 critères des discriminations pour savoir bien les détecter, et les réduire.
Pour y parvenir, on peut imaginer des actions de sensibilisation, de formation adaptées. Bien évidemment, selon les fonctions, les métiers dans l’entreprise. Mais ça peut être aussi anticiper en écrivant les règles, en les communiquant auprès des acteurs clés dans l’entreprise, à l’encadrement notamment pour l’aider à agir de façon adaptée.
2. Deuxième temps : Il faut identifier les facteurs dans le travail qui peuvent fragiliser les relations entre les personnes. Être exemplaire et diffuser une culture de la tolérance des différences, la richesse et la force des diversités et singularités.
JV ! LA TOLÉRANCE AU TRAVAIL
• Qu’est-ce que la tolérance en milieu professionnel ?
C’est accepter et respecter les différénces et les opinions des autres collègues.
• Comment faire preuve de tolérance
envers les personnes ayant des origines culturelles différentes des tiennes ?
Poser des questions respectueuses pour en apprendre davantage sur leur culture et montrer de l’intérêt.
• Qu’est-ce que la tolérance dans
la communication en milieu professionnel ?
La communication permet de clarifier les malentendus et de favoriser la compréhension mutuelle.
• Pourquoi la tolérance est-elle importante
en milieu professionnel ?
Pour éviter les conflits avec les collègues. Pour favoriser un environnement de travail, sain et harmonieux.
• Quelles sont les manifestations
de tolérance au travail ?
Écouter activement les idées et les perspectives des autres.
La tolérance en milieu professionnel est essentielle
pour créer un environnement inclusif, respectueux et productif.
Utilise les connaissances de ce magazine pour développer ta capacité à être tolérant.e
et ouvert.e d’esprit sur ton lieu de travail.
Lutter contre
toutes formes de discrimination c’est apprendre à respecter chacun.e
JV ! Je regarde la vidéo de Juliette LOEZ, Psychologue du Travail :
« Manque de respect au travail, poser des limites et rappeler le cadre. »
Au final, toute forme de discrimination
est comparable à un acte de violence au travail.
JV ! Je regarde la vidéo de Juliette LOEZ, Psychologue du Travail : « Violences au travail, sous quelles formes se présentent-elles ? »