Échanges avec Romain Bossut, médecin du Travail
R.B. : L’OMS décrit la santé mentale comme un état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté.
Il faut faire une distinction : nous ne parlons pas ici de capacité intellectuelle ou d’intelligence, ou de QI.
Nous allons parler de toutes les compétences qu’on peut mettre en place au travail et dans la vie de tous les jours… Notre capacité d’écoute, d’attention, de compréhension, de restitution. Le savoir vivre et le savoir-être au travail, l’échange, la façon dont on est en capacité d’entendre, d’écouter ce que quelqu’un nous dit, d’y réagir, de mettre en place des ressources, des stratégies pour répondre à cette problématique.
C’est vraiment quelque chose à distinguer de la capacité intellectuelle ! Cette mise en application de son potentiel au travail est quelque chose qui se développe et qui se travaille au quotidien.
Nous sommes tous égaux par rapport à ça !
Ça va dépendre d’une partie de génétique, d’une partie de développement du cadre familial, de l’histoire de vie, des expériences professionnelles et personnelles qu’on a pu avoir.
Le fait d’être dans une bonne hygiène de vie me permet de faire face à des difficultés, de réagir de façon adaptée et, au fur et à mesure, d’améliorer ma capacité de réponse.
Souvent, en consultation, des gens me disent : “J’ai toujours été stressé.e ou j’ai toujours été comme ça, ou j’ai jamais ceci…” Comme si notre santé mentale était définitive et que nous n’étions pas en mesure de la changer ! Bien entendu, nous ne pouvons pas et nous n’allons pas faire travailler une personne pour qu’elle devienne son opposé… mais par contre nous pouvons toutes et tous travailler pour réussir à nous adapter et à monter en compétences.
Après avoir mis en application et travaillé certaines capacités, nous pouvons nous rendre compte que nous avons réussi à améliorer notre santé mentale. Nous avons toutes et tous un niveau de marge de manœuvre.
Nous pouvons toutes et tous évoluer sur certains sujets pour ne plus subir mais être acteur de notre santé mentale.
Nous pouvons faire un parallèle avec le sport, dans le sens où, effectivement, ce sont des capacités qui peuvent se travailler comme on sait travailler physiquement sur sa force, sa souplesse, son endurance, sa performance…
Un autre parallèle possible que nous pouvons faire c’est avec le sommeil.
Le fait d’avoir une hygiène de sommeil suffisante nous permet physiquement d’être bien, mais mentalement et psychologiquement aussi car lorsque nous manquons de sommeil on parle de barrières mentales, d’incapacité à réagir et on le sent ! Si je n’ai pas assez dormi, je suis fatigué.e, j’ai beaucoup moins de capacité d’attention et de patience avec ceux qui m’entourent.
Avoir une bonne hygiène de vie aide à surmonter certaines difficultés et à réagir de façon plus adaptée.
Nous pouvons toutes et tous travailler cela au fur et à mesure, améliorer nos capacités de réponse face à un stimulus. Nous avons le stimulus physique pour une réponse physique, mais nous avons également le stimulus mental qui va nous permettre de répondre de façon adaptée.
Y a-t-il une barrière entre vie professionnelle et vie personnelle ?