N’oublie pas de vivre
Johann Wolfgang VON GOETHE

Quitter la ville pour se rapprocher de la nature. Quitter son job pour changer de vie. Quitter la restauration pour retrouver une vie de famille. Quitter l’hôpital parce qu’on ne s’y retrouve plus…

Nous le savons bien, ces retours à la nature, à la famille, à soi, « à la vraie vie »… la quête du « Retour au sens »  gagnent en intensité.

« N’oublie pas de vivre » semble être la raison commune qui inspire et nourrit toutes ses envies de changement. 

Envies positives pour celles et ceux qui peuvent et/ou osent franchir le pas. Et pour les autres : Inquiétude, incertitude, lassitude, fatigue. 

Une récente enquête Ipsos-Sopra Steria, réalisée pour Le Monde Entrepreneuriat avec le Cevipof et la Fondation Jean-Jaurès, nous précise le trouble.
Interrogés sur les trois sentiments dominants chez eux, les 16 228 abonnés ont répondu : incertitude 39%, inquiétude 38%, fatigue 37% et seulement espoir 25%, confiance 21%, bien-être 19%. 

À l’évidence le « Retour au sens » s’impose pour répondre aux mille maux de la perte de sens et de repères individuels et collectifs.

« VERS UNE NOUVELLE UNITÉ DE SENS »

Un jour ici, un jour là. Un clic ici, un clic qui mène jusqu’à là-bas. Un jour à la maison, un jour au travail et un jour au travail à la maison…

À l’image d’une pièce, d’une comédie ou d’une tragédie, les théâtres de nos vies ont longtemps été conçus et vécus comme des unités de temps, de lieux et d’action. Et voilà que sous les effets d’une pandémie, des technologies et des nouvelles organisations, à la fois voulues et subies, nous vivons de véritables mélanges de temps, de lieux et d’actions…
Retour des enfants ou du conjoint en pleine réunion. Appel visio en plein goûter, réunions de travail dans l’espace des réunions de famille.

Comment garder le contrôle ?

Il n’y a pas qu’au niveau managérial que la question se pose. Au travail comme dans la vie. Toutes nos unités de temps, de lieu et d’action semblent se désunir. Nous privant, là aussi, de repères et de sens.

Comment préserver les liens familiaux quand le boulot s’invite à la maison ?  Comment restaurer, maintenir les liens professionnels quand on se voit moins et de loin ?

À l’évidence, là encore, il nous faut redonner du sens. À défaut d’unité de temps, de lieu et d’action, il nous faut évoluer vers une nouvelle unité de sens.

TROIS CONCEPTS CLÉS POUR FAIRE UNITÉ…

Tant qu’à retrouver du sens et des repères individuels et collectifs, commençons peut-être par nous interroger autour de trois mots clés qui font sens : le partage, la culture, le sens…

LES 3 SENS DU PARTAGE :

Diviser
Quelle répartition ? Entre nous, quoi ? Comment ? Pourquoi ? Qu’est-ce qui nous divise ? 

Se solidariser
Qu’est-ce qui nous solidarise ? Défis, Projets, Valeurs, Goûts, Préférences ? À l’inverse, qu’est-ce qui peut nous désolidariser ?

Posséder ensemble
Que possédons-nous ensemble ? Quelles ressources communes ? 

LES 3 SENS DE CULTURE :

(Agri)culture : ce qui nourrit le corps
De quoi on vit ? Qu’est-ce qui nous nourrit ? Comment garantir nos ressources ?

Connaissances : ce qui nourrit l’esprit 
Quelles connaissances acquises ou à développer, à partager, transmettre ?

Liens : ce qui nous unit
Qu’est-ce qui fait le lien entre nous ? Comment animer, développer ces liens ? En quoi ces liens font la différence, notre différence ?

LES 3 SENS DE SENS :

Direction
Où on va ? Où ça nous conduit ?

Signification
Pourquoi ? Pour qui ? Pour quoi ?

Sensation 
Qu’est-ce qu’on ressent ? Sensations – Sensations + Idées pour passer de – à +.

Ces 9 questionnements à aborder simplement, spontanément et sincèrement, sont un premier cheminement dans la quête de sens, vers le retour au sens. 

Souvent, sans qu’on en ait forcément conscience, ils font appel aux valeurs qui nous animent, président à nos orientations, décisions, actions, comme elles président à ce qui nous unit et nous désunit.

AUTOUR DE VALEURS COMMUNES…

• Pour aborder les valeurs, sans risque de dérive idéologique, morale ou plus encore moralisatrice, nous vous proposons de découvrir  « La théorie des valeurs universelles » telle qu’elle a été élaborée par le Psychologue Social S.H SCHWARTZ. 

• Créée en 1992 et réactualisée en 2005, « La théorie des valeurs universelles » vise à identifier des valeurs communes ou « Valeurs de base » communes à toute l’humanité. Les travaux de S.H SCHWARTZ et de ses collègues les ont amenés à décliner dans plus de 70 pays, un questionnement simple : « Quelles valeurs sont importantes pour moi en tant que principes directeurs de ma vie ? »

• Les premiers grands enseignements de cette théorie.

1. Définir les valeurs en six points

Ce sont des principes directeurs qui tiennent à cœur. Elles se réfèrent à des désirs qui motivent l’action (exemple : la réussite). Elles s’affirment en toutes situations, même si leur hiérarchie évolue. Elles servent de normes d’évaluation. Le recours et l’impact des valeurs sont rarement conscients.

2. Les valeurs ont un sens, une Raison d’Être

Si des valeurs communes peuvent être universelles, c’est sûrement, soulignent les auteurs, parce qu’elles répondent à trois exigences universelles de la vie humaine :
• Les besoins biologiques des individus
• Les besoins d’interactions sociales coordonnées
• Les besoins de survie et de bien-être des groupes.

Avouons que ces trois exigences de la vie humaine se manifestent aujourd’hui, plus que jamais, à l’heure où nos conditions de vie sont menacées par le réchauffement climatique.

LE CONTINUUM DES VALEURS…

Après avoir défini les valeurs et la vraie raison d’être, S.H SCHWARTZ et ses équipes se sont attachés à les mettre en évidence. 
En voici la représentation originelle en continuum de 10 valeurs. (L’actualisation de 2005 en comprend 19 précisant les premières sans ajouter de nouvelles.)

Modèle théorique des relations entre les dix valeurs de base

Cette représentation circulaire (continuum) des valeurs universelles nous souligne la dynamique qui les relie et parfois les oppose. En nous et /ou entre nous. Quatre aires se distinguent. L’ouverture au changement peut s’opposer aux valeurs de continuité, comme l’innovation à la tradition. L’affirmation de soi peut freiner les valeurs de dépassement de soi, comme la volonté de se dépasser peut rendre insatisfait de soi. 

Ainsi, les valeurs vivent et leur hiérarchie évolue. Seule la prise de conscience de leur importance peut nous aider à mieux les affirmer, les partager, s’y référer pour bénéficier de leur force d’éclairages et d’arbitrages. De leur apport de sens.

RETOUR AU SENS

Pour conclure ces quelques pages de psychologie sociale :
Retour au sens, synthèse des éléments partagés dans le sens 
du changement que réclame le moment.

• Nos modes de vie évoluent et doivent évoluer, intensifiant la quête de sens pour les individus, les entreprises, société et sociétés. 

• Nouvelles technologies et nouvelles organisations nous invitent à partager de Nouvelles Unités de Sens. 

Pour créer cette unité, pour la faire vivre, nous pouvons nous interroger autour de trois concepts clés qui font sens : le Partage, la Culture, le Sens.

L’identification et l’affirmation de valeurs communes peuvent nous donner les repères communs dont nous avons besoin pour décider et évoluer ensemble. 

Il existe des Valeurs communes à l’humanité qui aident à répondre à trois exigences de la vie humaine :
– Besoins biologiques de chacun et tous, 
– Besoins d’interactions sociales coordonnées, 
– Besoin de survie et bien-être du groupe. 

• Parce que ces trois exigences sont aussi nos trois besoins fondamentaux

• Parce que l’urgence climatique rend ces besoins encore plus prioritaires, essentiels et vitaux…

• Parce que nous sommes toutes et tous invité(e)s à titre d’individus, de familles, de groupes, d’entreprises, de sociétés, de peuples, à revisiter notre responsabilité sociale et environnementale. 

• Ces trois besoins sont au cœur, sont le cœur du « Retour au sens », une invitation à conclure ce dossier, lui aussi circulaire, comme il a commencé par une citation de Goethe à se dire à soi-même, à ceux qu’on aime, qu’on croise ou qu’on dirige avec qui on travaille, avec qui on vit :

« N’oublie pas de vivre »