Prévention des addictions au travail

• Qu’est-ce qu’une addiction et une dépendance à une substance ou à une activité ?

Une addiction est définie par une dépendance à une substance ou à une activité, avec des conséquences nuisibles à la santé. La dépendance se caractérise par un désir souvent puissant, voire compulsif, de consommer ou de pratiquer une activité. Cette consommation ou cette pratique entraînent un désinvestissement progressif vis-à-vis des autres activités.

Ainsi, une personne est dépendante lorsqu’elle se retrouve dans l’impossibilité de s’abstenir de consommer ; elle perd le contrôle de l’usage d’une substance ou d’un comportement et ce, malgré la survenue de conséquences négatives sur son équilibre émotionnel, sur sa santé et sur sa vie personnelle, familiale et sociale.

La perte de contrôle conduit à des tentatives répétées pour réduire ou stopper l’usage ou le comportement. En l’absence d’une prise en charge spécifique, ces tentatives se soldent fréquemment par des rechutes. Or, après une période d’abstinence, le syndrome de dépendance peut se réinstaller beaucoup plus rapidement qu’initialement. Ce processus devient alors une source de démotivation.

• Addictions en milieu professionnel : Chiffres clés

D’après le rapport « Les conduites addictives de la population active cohorte » publié en 2021 par la cohorte CONSTANCES de la MILDECA*, les deux principales substances addictives consommées sur le lieu de travail sont l’alcool et le tabac.

Parmi la population active occupée, 27% des hommes et 23% des femmes seraient fumeurs, avec une intensité de consommation en augmentation.  

*MILDECA : Mission Interministérielle de Lutte Contre les Addictions

• L’alcool : chiffres clés*

Il existe une variété de modalités de consommation d’alcool, en milieu de travail comme dans l’ensemble de la population. Il est nécessaire d’en tenir compte pour organiser et adapter la prévention.

La consommation d’alcool à risque parmi la population active occupée :
19,8% d’hommes
8% de femmes
auraient un usage dangereux de l’alcool.

Les catégories d’âge et les CSP les + concernées par un usage dangereux d’alcool :

Les Alcoolisations Ponctuelles Importantes (API) ou « binge drinking »
27,5% d’hommes et 11,5% de femmes
connaissent des épisodes d’API au moins une fois par mois

• Les repères de consommation d’alcool à moindre risque

Contrairement aux idées reçues, les risques pour la santé d’une consommation d’alcool existent dès le premier verre quotidien. La consommation d’alcool est à l’origine de nombreuses maladies (cancers, hémorragie cérébrale, maladies cardiovasculaires, hypertension…) et représente l’une des principales causes de mortalité évitable (41 000 décès attribuables par an). Santé publique France et l’Institut National du Cancer (INCa) ont mené un travail d’expertise scientifique qui a permis de fixer de nouveaux repères de consommation à moindre risque si l’on consomme de l’alcool :

maximum 10 verres par semaine,
• maximum 2 verres par jour,
• des jours dans la semaine sans consommation.

En résumé : Que vous soyez un homme ou une femme, « Pour votre santé, l’alcool c’est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours ».

*Source : drogues.gouv Les conduites addictives de la population active
Chiffres clés issus de la cohorte CONSTANCES

• Addictions en milieu de travail : quels sont les secteurs d’activité les plus touchés ? 

Tous les secteurs d’activité sont concernés par les conduites addictives. Simplement, la nature et la fréquence des consommations sont différentes selon le secteur concerné. Les pratiques addictives diffèrent… selon les secteurs d’activité professionnels !

Les 18-35 ans seraient les plus nombreux à fumer. 

Néanmoins, les hommes de plus de 50 ans et les ouvriers sont les plus grands consommateurs : plus de 25 % d’entre eux fumeraient 20 cigarettes ou plus par jour.

En ce qui concerne l’usage dangereux d’alcool, les employés sont les premiers concernés, suivis de très près par les ouvriers. 

Les secteurs de l’industrie, du commerce, des services à la personne et de l’éducation seraient les plus touchés par ce phénomène. 

De manière générale, la proportion d’hommes est presque 2 x plus importante que celle des femmes, bien que cette différence s’amoindrît dans le secteur des emplois administratifs.

• Certains postes de travail sont plus sujets aux conduites addictives

Le Ministère du travail, quant à lui, relève quatre types de postes plus touchés par les addictions :

• Le travail en poste, de nuit et isolé ;
• Les postes à responsabilités élevées (stress, pression hiérarchique et obligation de résultat…) ;
• Les postes exigeant de la vigilance (contrôle du procédé sur les sites à hauts risques, postes de surveillance…) ;
• Les postes de conduite ou de pilotage (transports, manutention mécanique…).

• Prévenir les facteurs liés au travail favorisant les consommations

De nombreuses études ont montré que les risques psychosociaux (RPS), certaines organisations du travail (horaires atypiques…), les contraintes physiques (travail au froid ou à la chaleur, port de charges lourdes…)… sont impliqués dans les consommations de substances psychoactives. 
Il est donc nécessaire de :

S’assurer que ces risques ont été évalués et que les mesures de prévention sont adaptées. Il en est de même lorsque d’autres facteurs de risques sont également identifiés par les acteurs de l’entreprise ;

Analyser les raisons de stress : objectifs inatteignables, responsabilités trop lourdes, travail monotone et isolé, climat relationnel tendu, rivalités et conflits ;

Impliquer l’ensemble du personnel dans une démarche collective de prévention de façon à établir un protocole ou une charte acceptée par tous définissant les modes d’intervention, les moyens à mettre en œuvre… en tirant profit de l’expérience d’autres entreprises de même secteur d’activité ;

Faire connaître et diffuser le protocole ou la charte à l’ensemble du personnel et aux nouveaux arrivants (y compris aux travailleurs temporaires) ;

Sensibiliser et informer le personnel sur les risques engendrés par les addictions sur le lieu du travail de manière à faire tomber les idées fausses et/ou les tabous sur les addictions ;

Former les salariés au repérage des situations individuelles et leur donner des conseils sur les conduites à tenir.

Source : drogues.gouv Les conduites addictives de la population active
Chiffres clés issus de la cohorte CONSTANCES