DONNER DU SENS AU CHANGEMENT
Avinash R. Responsable QHSE

JDV : Pouvez-vous m’expliquer le métier de votre entreprise ?

A : Je travaille dans une entreprise familiale de transport et de logistique, notre principale activité est le transport de marchandises sur des supports palettes, nous avons également du transport spécifique hors gabarit, c’est-à-dire tout ce qui concerne l’acheminement des chariots élévateurs, des pelleteuses ou tout autre outil de chantier ou logistique.

JDV : Comment avez-vous vu évoluer le contexte global de votre univers professionnel ?

A : Depuis quelques années, sur notre activité nous sommes confrontés à une concurrence très rude des pays de l’Est qui pratiquent des prix très bas. Pour faire face à cela, nous nous devons de trouver des solutions techniques et digitales pour nous différencier et apporter une plus-value. Nous mettons en place des outils élaborés pour nos clients leur permettant une traçabilité et un suivi de leur livraison quasi instantané.
Nous rencontrons des difficultés aujourd’hui pour recruter des conducteurs. Lorsque le service militaire était encore obligatoire, cela laissait la possibilité à de nombreuses personnes de passer le permis poids lourds et de se former. Mais aujourd’hui il y a une pénurie de main-d’œuvre parce que l’image du métier est affectée, les publics le méconnaissent de plus en plus. Pourtant c’est une profession qui demande beaucoup d’autonomie, d’anticipation et qui est responsabilisante.
Nos conducteurs sont en quelque sorte les premiers commerciaux de l’entreprise car ce sont eux qui sont au contact des clients.

JDV : Quelles nouvelles vulnérabilités voyez-vous émerger ?

A : Les conducteurs ne sont pas toujours considérés ni bien accueillis. Les sites logistiques dans lesquels ils se rendent n’ont pas systématiquement les infrastructures nécessaires à leur bien-être (douches, sanitaires…)
Nous essayons de travailler en proximité avec nos clients pour que les sites logistiques soient les mieux équipés possible.
L’actualité et la météo jouent un grand rôle dans nos métiers : nos camions peuvent être bloqués sur les routes plusieurs heures ou jours. Nous devons rappeler à nos conducteurs, surtout en hiver, l’importance d’anticiper et de toujours prévoir d’avoir dans leur camion des bouteilles d’eau, des vêtements chauds et de la nourriture.
Au niveau de l’organisation, on note de nombreuses évolutions du matériel informatique qui nécessitent un accompagnement. Nous accompagnons nos salariés et nous donnons du sens à ce qui est mis en place. Les hommes ne sont pas des machines et nous nous attachons à mettre l’humain au cœur des échanges. Nous sommes à l’écoute de nos salariés et de ce qu’ils vivent car ce sont eux qui sont sur le terrain ; ils sont le cœur de notre activité.

Nous sommes vigilants à toujours adapter le travail à l’homme et non l’inverse. Nous nous assurons que tous les outils nécessaires à l’exercice de leur profession soient mis en place par nos clients ; par exemple pour le déchargement des camions, ou la récupération des palettes vides.

JDV : En quoi le PÔLE SANTÉ TRAVAIL a-t-il pu vous accompagner ?

A : Nous travaillons en collaboration avec notre Médecin du Travail, nous réalisons ensemble un travail d’équipe. Elle participe régulièrement à des entretiens salarié/DRH, elle assiste à nos C.S.S.C.T (Comité Santé Sécurité Conditions de Travail). Elle vient à notre rencontre sur nos sites pour effectuer des visites et nous donner des conseils ; C’est très enrichissant d’avoir son regard et son avis médical professionnel car nous ne sommes pas toujours à même de percevoir ce qu’il y a à mettre en place.
Dans nos métiers, nous sommes vigilants aux vulnérabilités liées aux addictions. Le Médecin du Travail nous a déjà accompagné sur l’aspect règlementaire et disciplinaire à adopter dans ces situations, mais au-delà de ça elle a été d’une aide précieuse sur comment mener la démarche et les échanges avec un salarié qui serait confronté à une addiction. Elle nous accompagne énormément sur les maladies professionnelles et les études de poste.
Elle a notamment participé à l’étude et au choix des sièges ergonomiques dont nous avons fait l’acquisition pour nos conducteurs. Elle est très présente en prévention et nous préconise beaucoup de choses.
Une fois par an nous réalisons une  journée « Encouragement Sécurité » durant laquelle l’Infirmière en Santé Travail est présente. Elle se tient à la disposition de nos salariés sur tous les aspects de prévention et elle réalise, pour ceux qui le désirent, des entretiens individuels sur l’addictologie.

« Nous devons remettre l’humain au cœur de tout ! »

JDV : Quels sont d’après vous les enjeux à venir de la Santé au Travail ?

A : Aujourd’hui les actions réalisées avec le PÔLE SANTÉ TRAVAIL aussi qualitatives soient-elles sont principalement basées sur des vulnérabilités factuelles et physiques. Il faudrait pouvoir accompagner les salariés sur les RPS et le bien-être au travail, être plus présent sur les aspects psychologiques.
Sans parler de burn out, quand un salarié n’est en arrêt qu’une ou deux semaines parce qu’il ne se sent pas bien ou dépassé à son poste de travail, il n’est pas vu par le Médecin de Travail. Cela relève pourtant d’un mal-être lié à son environnement professionnel. Nous devrions pouvoir être accompagné à quantifier ce type d’arrêts maladies, cela nous aiderait à détecter certaines vulnérabilités et à nous remettre en question.

Nous devons remettre l’humain au cœur de tout !