Angoisse, anxiété, stress…

Interview Dr. Christian M. Médecin du Travail

POUR RAPPEL NOS 4 MISSIONS :

1.Action d’entreprise
2.Surveillance de l’état de santé des salariés
3.Conseil (de tous ordres relatifs aux questions santé travail)
4.Traçabilité (notamment des expositions professionnelles) & veille sanitaire

JDV : En quoi la crise sanitaire a fait évoluer la Santé au Travail ?

C.M. : Il y a deux choses :

• Comment nous travaillons en interne et comment cette période a modifié notre fonctionnement.
• Comment l’environnement général nous a obligés à modifier notre façon de faire parce que les gens ne sont plus accessibles de la même manière à cause du confinement.

Dans ce contexte d’urgence (confinement brutal en mars 2020) le plus important a été de se demander si les services de Santé au Travail étaient concernés par la problématique de confinement, de continuité des activités et de gestion d’une crise sanitaire. Cette question est essentielle car elle a fait l’objet d’échanges au niveau de toutes les directions de Santé au Travail et les positions n’ont pas toutes été les mêmes.
Chez PÔLE SANTÉ TRAVAIL, nous avons décidé de continuer notre activité en sachant que nous étions tout à fait dans notre rôle car la traçabilité et la veille sanitaire font partie des actions des services de Santé au Travail.

Nous étions donc pleinement dans notre rôle concernant l’accompagnement des entreprises par rapport à une crise sanitaire.

JDV : Qu’est-ce que cette période a changé dans l’organisation et la relation avec les équipes ?

C.M. : Notre façon de fonctionner a totalement changé puisque nous avons passé nos journées chez nous, sur nos ordinateurs ou nos téléphones. Quand les entreprises ont reçu les informations des médecins ou des assistantes Santé Travail, et ce dès le premier jour, nous avons été inondés de demandes !

Nos services supports ont dû être hyper pointus pour organiser les échanges, les conférences aussi bien au sein de PÔLE SANTÉ TRAVAIL mais également au niveau des entreprises : CHSCT, CSE se tenant à distance (certains ont dû se faire des cheveux blancs car nous ne sommes pas tous à l’aise avec l’outil informatique alors que nous devions principalement travailler avec ! ). Nous pouvons assurer une participation aux CSE et faire la plupart, voire l’essentiel, des consultations en télétravail avec les moyens mis en place actuellement. Le télétravail existait déjà mais cela ne faisait pas partie des choses « classiques » et cette crise l’a institutionnalisé !

Cette nouvelle organisation a aussi optimisé les liens en interne chez nous alors qu’on ne se voyait pas ! Le fait de travailler à distance nous a imposé de prendre contact les uns avec les autres quand on avait besoin d’un avis ou d’exposer une problématique. Des réseaux internes se sont créés selon les secteurs d’activité pour des partages d’expériences et de réponses à donner et à proposer aux entreprises. On constate que, dans tel secteur ou telle entreprise ça marche bien et, dans une autre non. C’est innovant !

Ce confinement nous a quelque part rapprochés.

Un autre changement important c’est de travailler au jour le jour, en mode pompier, pour répondre à toutes les questions. Sans vouloir nous rendre indispensables, nous nous sommes rendus compte que les entreprises et les salariés étaient perdus. Nous n’avons jamais vécu de situation similaire : un virus qui nous tombe sur la figure et sur lequel nous ne savons (presque) rien et sur lequel nous avons eu des injonctions paradoxales voire contradictoires de manière répétitive (on a besoin de masques, pas besoin de masques, il faut isoler les gens, il ne faut pas isoler les gens, il faut arrêter les entreprises, ne pas arrêter les entreprises…)

Vous souhaitez en savoir plus ?

LIRE L’ARTICLE : « Nouvelles vulnérabilités observées par un médecin du travail : Partie 2 »