NOTRE RÔLE D’ABORD UN RÔLE DE PRÉVENTEUR
Interview Assistante Santé Travail au centre Denis Godefroy, Lille.

JDV : Comment pourriez-vous nous décrire le contexte aujourd’hui ? Quelles évolutions constatez-vous ?

B & N : Il y a une augmentation des risques psychosociaux (RPS) en entreprise depuis 10 ans et encore plus ces 3 dernières années.
À la base je pense que les RPS sont un phénomène de société, tout s’accélère, il y a plein de nouveaux process, l’émergence de la robotique ou l’automatisation… Tout cela génère de plus en plus de pression sur la cadence, sur le rythme qu’on impose, sur la productivité, la charge de travail et on le ressent dans tous les secteurs d’activités, c’est un phénomène qui se généralise.
Le rythme du travail s’est fortement accéléré et désormais il faut tout faire dans des temps impartis, et en faire toujours plus.

 

Cet épuisement et ces burn out commencent à atteindre les managers des entreprises

 

parce qu’on passe par eux pour imposer la cadence et l’augmentation de la charge de travail aux salariés. Ce sont eux qui gèrent les équipes sur le terrain et ils sont les porte-parole de la Direction qui leur dit que les chiffres ne sont pas bons et que la production et le rendement doivent être augmentés, ils deviennent un peu les éponges entre le côté « salariés » qui sont sur le terrain et la Direction qui est dans les chiffres.

JDV : Quelles vulnérabilités constatez-vous en entreprise ?

B & N : Les vulnérabilités que nous rencontrons en entreprise autres que les RPS sont variée et dépendent du domaine d’activité. De manière globale, quand nous nous rendons en entreprise, nous regardons les équipements de travail, les E.P.I (Équipements de Protection Individuelle), les process, l’organisation, on suit l’ensemble de A à Z. Lorsqu’il y a un dysfonctionnement nous sommes à même de nous en rendre compte dès le départ. Cette semaine par exemple je suis allée en hôtellerie, à la base je savais par le Médecin du Travail qu’il y avait beaucoup d’accidents sur un poste en particulier qu’est celui de femmes de chambre.

Dans le cadre de ma mission j’en ai donc suivi une pour faire l’étude de son poste. J’ai observé que les process de travail n’étaient pas adaptés. Les femmes de chambre avaient décidé d’un commun accord de ne pas utiliser les E.P.I et le chariot de ménage, entrainant des Troubles Musculo–Squelettiques (TMS)…

 

On ressent le burn out comme un phénomène pyramidal, c’est une gangrène qui monte de plus en plus et on arrive bientôt au sommet.

 

JDV : Quels sont les enjeux du PÔLE SANTÉ TRAVAIL dans l’accompagnement des entreprises ?

B & N : Dans la démarche d’accompagnement des RPS, même le gouvernement insiste sur le fait que le suivi de la Santé au Travail doit englober le suivi psychologique. Nous devons absolument accompagner les entreprises dans la gestion des RPS, car c’est l’une des vulnérabilités qu’elles rencontrent le plus, nous devons continuer à nous former. C’est un réel enjeu pour nous car c’est le mal du siècle, nous devons être armés en tant que préventeurs pour répondre à cela.

Nous avons aujourd’hui la possibilité de recourir aux services d’ergonomes et de psychologues qui travaillent en binôme.

 Les mentalités évoluent dans les entreprises. Elles sont plus ouvertes aux Services de Santé au Travail qu’elles ne l’étaient il y a 15 ans. Elles ont pris conscience de l’importance de la santé et du prendre soin des salariés. Nous devons renforcer ce sentiment en communiquant sur tous les services que nous pouvons leur apporter.

JDV : Quels atouts le PÔLE SANTÉ TRAVAIL possède pour accompagner les entreprises ?

B & N :  Nous avons un rôle de préventeur. Un accompagnement très diversifié car nous pouvons très bien intervenir au sein d’une entreprise issue du tertiaire le matin et chez un artisan l’après-midi. Nous pouvons offrir un panel de solutions, apporter une multitude de réponses à nos adhérents.

 

Nous allons sur le terrain à la rencontre de l’humain et c’est ce qui est enrichissant dans notre métier, nous découvrons les nouveaux produits, les nouveaux métiers et surtout les nouvelles vulnérabilités. Ce qui nous pousse à faire des préconisations.

 

Nous disposons de plusieurs plateaux pluridisciplinaires. Nous intervenons en entreprise pour sensibiliser, faire de la prévention. Auparavant on cantonnait la « Médecine du Travail » à son caractère obligatoire et l’entreprise vivait cela comme une contrainte. Aujourd’hui nos missions sont très appréciées de nos clients et permettent de « dépoussiérer » l’image de la « Médecine du Travail » qui nous suit depuis 50 ans. On mène des actions, on a des résultats et des retours positifs des entreprises. Notre métier est une réelle fierté, il a du sens, nous nous sentons utiles, nous sommes fières, quand à l’issue d’un rendez-vous, un employeur nous remercie pour ce que nous lui avons apporté.

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À LA VISITE DU CENTRE DENIS GODEFROY À LILLE…