Évolution des organisations

Interview Stéphanie B. Médecin du Travail

JDV : En quoi la crise de la COVID-19 a changé votre façon de travailler ?

S.B. : Nous avons contacté beaucoup d’entreprises par mail ou par téléphone, alors qu’habituellement ce sont plutôt des visites sur site, et nous avons
développé les téléconsultations ou les e-conférences ce qui nous a permis de maintenir le lien en externe. 
Nous avons aussi essayé de maintenir le lien en interne, avec nos équipes, en maintenant les réunions hebdomadaires en visio pour se motiver et checker les missions de chacun.

Comme beaucoup d’entreprises, nous avons dû revoir notre organisation de travail avec le nombre de personnes qui était limité dans les locaux : nous avons dû travailler par roulement (une équipe sur 2 en présentiel) et différemment (habituellement, nous divisons chaque journée : une demi-journée de consultation et une demi-journée en extérieur ou en réunion administrative alors que maintenant, nous consultons à la journée pour limiter
les déplacements et les croisements).

JDV : Comment les équipes de PÔLE SANTÉ TRAVAIL vivent-elles cette nouvelle organisation en roulement ?

S.B. : Pour les infirmières et les secrétaires, cela se passe bien, elles sont en équipe avec le médecin du travail, en cas de souci nous sommes accessibles immédiatement. Pour nous, médecins du travail, ce qui a changé, c’est que nous avions l’habitude d’échanger plus facilement, rapidement, alors que là, on a un peu une rupture de contact, on se voit très rarement. Alors on s’appelle, on se fait un mail, si on a besoin d’une information, d’un appui ou de valider une décision. Habituellement, on aurait frappé à la porte du collègue ! On se partage l’information pour pouvoir se coordonner et donner la même réponse à l’employeur. C’est une nouvelle méthode de travail pour nous.

JDV : Est-ce que cette nouvelle organisation de travail a aussi des effets positifs ?

S.B. : Nous avons plus de flexibilité dans la gestion du temps de travail, et moins de temps de déplacement.
On gagne en qualité de vie, en temps de transport, on dort un peu plus… Par contre je sais que pour d’autres cela a été plus compliqué (bureau de télétravail installé dans la chambre par exemple). La gestion de l’espace domestique a été un peu plus compliquée pour certains.

Pendant le premier confinement cela n’a pas été simple de couper le temps de travail et le temps avec la famille juste après. Avec le deuxième confinement, on arrive mieux à faire la part des choses, on se connecte sur nos temps de travail et après on coupe.
On le ressent moins comme une intrusion dans notre vie personnelle. Il fallait, je pense, un temps d’adaptation.

Au départ c’était du télétravail subi et, au fur et à mesure, les gens ont vu les côtés positifs, la flexibilité, l’autonomie, le gain en confiance des managers. À la maison, les personnes se sentent « moins contrôlées », on va avoir une autonomie sur la gestion du travail, une confiance réciproque salarié/N+1. 
La flexibilité et la confiance ont eu un effet positif sur les équipes.

JDV : Qu’entendez-vous des salariés par rapport aux actions mises en place dans les entreprises ?

S.B. : Les retours que nous avons des salariés vis-à-vis des nouvelles dynamiques dans les entreprises et notamment du dialogue social sont essentiellement positifs. Pour eux, leurs employeurs sont plutôt à l’écoute, plutôt proactifs que réactifs. Ils anticipent ! Il y a eu plus de flexibilité, plus d’échanges d’informations ascendantes et descendantes (les points hebdomadaires se sont développés dans plusieurs entreprises pour ajuster les procédures au contexte épidémique, aux recommandations), plus de dialogue, plus d’autonomie, plus de collaboration, plus de transversalité…

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