Interview Marie-Bernadette C. Dermatologue

JDV : Quels produits professionnels sont à risques en été mais aussi en toute saison ?

M-B. : Parmi les produits dits nettoyants d’entretien, certains contiennent par exemple de l’hydroxyde de sodium et sont très alcalins, d’autres produits sont composés d’acides forts. S’ils sont manipulés avec des gants inadaptés aux risques (gants fins à manchettes courtes) des dermatites d’irritation de contact pouvant aller jusqu’à la brûlure chimique peuvent être constatées.

Les professions de l’entretien sont à risques en raison de l’emploi de produits nettoyants, parfois pulvérisés sous forme de spray ou à l’aide de karcher qui entraînent une dispersion de gouttelettes au niveau de la zone de travail. Par exemple, un employé travaillant dans une rôtisserie qui se penche sous la rôtissoire peut avoir des risques de brûlures s’il reçoit des gouttelettes de produit décapant ou nettoyant puissant ayant été préalablement utilisé.
Dans le BTP, il y a également des risques de brûlures chimiques liés au contact de la peau avec le ciment qui est un produit alcalin et donc caustique, à la fois irritant et allergisant.

Dans les métiers de l’alimentation et la restauration, il existe des risques liés aux contacts avec des protéines alimentaires animales (viandes, poissons) ou végétales (fruits et légumes) qui peuvent déclencher des allergies cutanées. Dans ces professions de la restauration, les manipulations de produits nettoyants, très efficaces en terme de décontamination peuvent être aussi à risque cutané.

M-B. : Il y a également des dermatites allergiques de contact à type d’eczéma ou d’urticaire de contact dans tous les secteurs professionnels : par exemple, la coiffure : composants des teintures capillaires, les produits de décoloration, les liquides de permanente ; l’esthétique : parfums, conservateurs dans divers cosmétiques…

À l’heure actuelle, il convient d’évoquer le rôle d’un allergène émergent qui se nomme la méthylisothiazolinone, en abréviation : MIT, conservateur dans certains savons liquides pour l’hygiène cutanée des mains et dans d’autres  produits…, à l’origine de nombreuses dermatites allergiques de contact.

 

D’autres métiers sont eux aussi exposés aux risques cutanés :

  • en mécanique

  • en métallurgie

  • dans l’industrie des produits chimiques :
    des matières plastiques (résines, colles) et du caoutchouc…

  • dans le secteur de l’automobile

  • dans les professions du textile et de la confection

  • et chez le personnel de santé…

Cette liste n’est pas exhaustive…

JDV : Quels types de maladie cutanées observez-vous ?

M-B. : Surtout des dermatites irritatives et allergiques de contact professionnelles. Une exploration allergologique par tests épicutanés s’avère indispensable en cas d’eczéma ou d’urticaire de contact, pour mieux préciser la ou les causes potentielles.

Par ailleurs sont observés de nombreux cas de mycoses de la peau et des ongles. Parmi les autres dermatoses, citons : la dermatite atopique (ou eczéma constitutionnel), le psoriasis, des ectoparasitoses surtout la gale acarienne humaine, des tumeurs cutanées bénignes ou malignes…
Quand elles sont malignes, ce sont des cancers cutanés : des carcinomes (soit basocellulaires, soit épidermoïdes) ou des mélanomes…

JDV : Quelles peuvent être les causes aggravantes ?

M-B. : Il faut souligner le rôle du tabagisme actif et passif. Les fumeurs, à exposition solaire et à phototype égaux, ont des risques de vieillissement cutané plus importants.

Les COV (Composés Organiques Volatiles, polluants chimiques) ne semblent pas induire à eux seuls des symptômes allergiques (comme l’asthme) mais ils peuvent agir comme co-facteurs, chez des enfants atopiques.

 

Certaines dermatites de contact peuvent aussi être provoquées par des composants irritants ou allergisants véhiculés par l’air ambiant. Ces dermatites sont appelées aéroportées. Elles peuvent être parfois provoquées par des composants de parfums ou par certaines fumées, vapeurs ou poudres aérodispersibles qui se répandent dans l’environnement du poste de travail.

JDV : Existe-t-il des types de peaux plus sujets que d’autres aux risques dermatologiques ?

M-B. : Oui, il en existe notamment au niveau des risques potentiels de dermatites irritatives de contact.
Par exemple, un sujet atteint d’une dermatite atopique (eczéma constitutionnel) présente d’emblée une peau plus sèche et donc plus facilement irritable, notamment en milieu professionnel.

Toutes les peaux exposées aux travaux dits en milieu humide ou à d’autres produits irritants sont à risques.

 

Les sujets de phototype clair (yeux clairs, peau blanche, cheveux blonds ou roux) ont plus de risques de développer un mélanome notamment en cad’antécédents « de coups de soleil », à type de brûlures, pendant l’enfance ou en cas d’antécédents personnels et familiaux de mélanome.

Une protection vestimentaire et d’autres protections cutanées (crèmes écrans solaires…) adaptées sont nécessaires pendant le travail et au cours des loisirs.

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