Voici l’état des lieux
Depuis 2016, la loi française a inscrit « Un droit à la déconnexion » dans le code du travail. L’exemple de la France a été suivi par d’autre pays européens depuis. Où en est-on aujourd’hui ? Quel bilan ? Voici les résultats d’une étude menée par l’Observatoire du Travail en 2024.
36% des salariés français bénéficient concrètement des dispositifs de déconnexion dans leur entreprise.
En moyenne, 20% des e-mails sont envoyés en dehors des horaires de travail conventionnels (9 heures-18 heures).
Plus on monte dans la hiérarchie, plus le phénomène s’amplifie…



Il y a une autre dimension à prendre en compte, c’est celle de la connexion pendant les réunions et du côté multi-tâches qui s’est accentué
1 e-mail sur 10 est envoyé par les collaborateurs pendant les réunions
16% de courriels des managers sont envoyés pendant les réunions
22% de courriels des dirigeants sont envoyés pendant les réunions
À la surcharge informationnelle s’ajoute désormais une surcharge de canaux de communication : Teams, Slack, WhatsApp, etc. 57 % des professionnels déclarent ainsi utiliser 6 applications différentes par jour dans le cadre de leur travail. Ils étaient 24 % en 2021.
« DÉBRANCHE, DÉBRANCHE, DÉBRANCHE TOUT… » Est-ce que ce trop-plein numérique est problématique ?
Les conséquences de cette hyper-connexion, notamment chez les managers et les dirigeants, empiètent sur les temps de repos et de détente nécessaires pour préserver la qualité de vie au travail, la santé mentale et émotionnelle, le bien-être global des travailleurs. Les temps de repos sont de fait complètement désorganisés.
NB : la loi impose un repos quotidien d’au moins 11 heures consécutives entre deux journées de travail, et 35 heures consécutives de repos hebdomadaire.
Permettre et se permettre un droit à la déconnexion c’est tout simplement prendre soin de la qualité du travail tout court.
L’hyper-connexion et l’infobésité associée amplifient la charge mentale, la pression, l’absence de régénération et, à long terme, peuvent impacter la performance et la productivité à la fois individuelle et collective.
Cependant, cela s’exprime différemment d’une personne à l’autre, en fonction de nos seuils de résistance, en fonction des univers et des métiers.
Certains chercheurs proposent de distinguer l’HYPER-CONNEXION (une connexion particulièrement dense mais pas nécessairement douloureuse) de la SUR-CONNEXION qui, elle, se révèle néfaste pour les travailleurs comme pour la qualité du travail lui-même.
Bonnes pratiques pour débrancher
Les bonnes pratiques doivent d’abord tenir compte du rythme de l’entreprise pour qu’elle ne soit pas déstabilisée, des impératifs des projets, des besoins des personnes, des obligations liées aux métiers et à leurs univers spécifiques.
Il est recommandé de réfléchir à des solutions au niveau de l’équipe.
Trouver des solutions qui permettent de se mettre d’accord sur les plages de déconnexion (indispensables pour traiter les tâches qui nécessitent une concentration profonde), les plages de disponibilité pour interagir dans la durée et celles pour interagir rapidement.
Il faut définir ensemble ce qu’est une URGENCE quel canal de communication on utilise si on veut une réponse rapide ?
Prendre de nouvelles habitudes numériques ! Réfléchir à l’organisation du travail et anticiper.
Par exemple, avant ses vacances, prendre le temps de se mettre d’accord sur la mise en place de relais (en fonction de tel ou tel dossier, c’est telle ou telle personne qui assurera le suivi).
Les managers ont un rôle d’exemplarité à jouer.
Leur statut hiérarchique leur confère une forte influence. Ils donnent le ton. Si votre responsable se connecte en dehors des horaires et répond hyper rapidement à tous vos e-mails, par mimétisme, vous aurez tendance à faire la même chose.
Former.
Tout le monde sait utiliser le courriel, mais personne ne sait l’utiliser correctement. Cet outil demande des compétences en communication. Savoir rédiger un message synthétique et sans équivoque, apprendre à construire des normes d’interaction, des codes culturels repères solides pour les équipes, savoir faire preuve d’empathie numérique.
Donner et se donner du temps pour changer ses habitudes, caler une nouvelle organisation et actualiser sa culture !